Maison en quête de destin

Maison en quête de destin

1 juin 2020

Louis Patenaude avec la collaboration de Clément Locat

On sait quel grand collectionneur a été Robert-Lionel Séguin. Il aurait rassemblé au cours de sa vie 35 000 objets tous évoquant la vie quotidienne de nos ancêtres. C’est donc sans grande surprise que l’APMAQ a appris, il y a peu, qu’il avait acquis une maison de colonisation et l’avait réinstallée à Rigaud afin de la sauvegarder. Il s’agit d’une maison construite, dans cette région, vers 1850 et longtemps habitée par la famille Hayes. Or, l’avenir de cette maison est incertain. C’est dans un souci de sauvegarde patrimoniale que les propriétaires se sont adressés à l’APMAQ avec le projet de céder la maison à un particulier ou à une entité publique qui saura la préserver et la mettre en valeur.

L’édification de ces petites maisons s’est poursuivie jusque dans la deuxième moitié du XIXe siècle. L’augmentation des surfaces cultivées et une certaine aisance ont permis la construction de résidences au goût du jour, plus grandes et mieux éclairées; il n’était pas rare, alors, que la maison initiale soit rattachée à la nouvelle résidence comme cuisine d’été.

La maison Hayes est typique de ces maisons. Elle est petite, 23’ x 25’, peu dégagée du sol, avec carré en pièces sur pièces, chaulée à l’origine tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, probablement couverte de planches posées à la verticale quelques années après la construction. Il y a quelques fenêtres sur chaque pan. La toiture à deux versants est couverte de tôle qui a remplacé le bardeau de cèdre original. La maison, aujourd’hui à aire ouverte, devait comporter deux pièces au rez-de-chaussée dont une cuisine-pièce de vie et une chambre. L’étage servait de chambre mais, ceci, peut-être uniquement en été. La cheminée est assise sur une structure de bois à l’étage, le conduit de cheminée traversant le plafond pour l’atteindre.

La maison se trouve dans un état de conservation exemplaire. Aucune dépense de restauration ne s’impose. De plus, elle contient des meubles et des objets anciens rassemblés par Robert-Lionel Séguin qui rappellent éloquemment les conditions de vie de ses occupants.

L’APMAQ s’est rendue sur les lieux et, de l’avis de tous, la maison et son contenu constituent un véritable petit musée qui pourrait, dès maintenant, être accessible aux visiteurs. Il est clair que, dans un lieu fréquenté par le public et particulièrement par des groupes scolaires, elle remplirait avec efficacité une précieuse fonction pédagogique en tant que témoin de la vie pionnière de nos ancêtres.

Par ailleurs, elle contribuerait à mettre en valeur l’œuvre du grand ethno-historien qu’a été Robert-Lionel Séguin et à donner à sa mémoire le rayonnement mérité.

Ces maisons de colonisation sont rares. On se souviendra peut-être d’une construction de ce type visitée par l’APMAQ en 2009 à Saint-Sébastien-de-Frontenac qui, après avoir été longtemps abandonnée, a été prise en main par la municipalité et ouverte au public. La ville de Rigaud dont la bibliothèque municipale porte le nom de Robert-Lionel Séguin, un enfant du pays, pourrait fort naturellement accueillir la maison Hayes. Cependant, d’autres endroits pourraient aussi revendiquer cet héritage tant il est vrai que l’œuvre de Robert-Lionel Séguin s’est déployée sur l’ensemble du Québec et que les maisons pionnières comme la maison Hayes font partie de l’histoire générale de notre habitat.

L’APMAQ, en raison de son prix créé il y a près de quarante ans, entretient un fort lien moral avec Robert-Lionel Séguin et son œuvre ; il est donc parfaitement naturel qu’elle s’emploie à favoriser l’identification d’une nouvelle destinée pour cette maison.

La question est à l’étude et nous invitons nos lecteurs à nous faire part de toutes les suggestions ou propositions qu’ils souhaiteraient formuler à cet effet. C’est avec le plus grand intérêt que nous les accueillerons. info@maisons-anciennes.qc.ca


Article tiré de La Lucarne – Été 2020 (Vol XLI, numéro 3).

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