L’histoire d’un fournil

20 juillet 2018

La rédaction en collaboration avec Michel Gauthier et Andrée Boss

Propriété en 1925, fonds Marius-BarbeauAprès avoir restauré pendant des années et avec grand soin, sa maison de La Prairie, Michel Gauthier a fait l’acquisition, dans l’île d’Orléans, d’une autre maison ancienne, celle-ci déjà restaurée. Grâce à une photographie de 1925, il a découvert que le sol de sa nouvelle propriété cachait un trésor. En effet la photo montre, devant la maison récemment acquise, une autre maison, disparue depuis, et dont la pente aigüe du toit donne à penser qu’elle remonte au Régime français.

On entreprend donc des fouilles archéologiques puis le dégagement des fondations. Une dendrochronologie complète des poutres de soutènement de la grande maison avait été effectuée par l’Université Laval. Des analyses ont été menées sur le boulet de canon, sur les artefacts de fer oxydé ainsi que sur les restes de bois calciné qu’on a retrouvés au cours des fouilles.

Fournil reconstitué, automne 2017. Crédit photo : Michel GauthierIncendiée lors de la Conquête, la petite maison a été reconstruite et habitée pendant quelques années. On a entrepris la construction de la maison actuelle probablement vers 1764. En effet, grâce à l’analyse dendrochronologique nous savons que les lambourdes de la partie la plus ancienne de cette maison proviennent d’arbres abattus en 1763.

Ayant perdu sa fonction résidentielle au profit de la grande maison, la petite maison a servi, dès lors, de fournil puis de hangar à bois.

Boulet de canon retrouvé lors des fouilles archéologiques. Crédit photo : Michel GauthierIl a fallu quatre années pour reconstituer le fournil. On en est actuellement à poser, sur la toiture, le bardeau fendu à la main et à créer une fenêtre sur le pignon ouest. Les pierres ont été choisies une à une et le mortier a été fabriqué sur place selon la recette très ancienne soit en éteignant de la chaux vive.

Par ailleurs, tous les actes notariés depuis le XVIIe siècle ont été retracés. C’est ainsi qu’on apprend que ce lot appartenait au départ à madame d’Ailleboust, veuve du gouverneur, laquelle avait hérité de la pointe d’Argentenay à l’extrémité est de l’île. La terre a été concédée à Esprit Carbonneau et trois générations de cette famille y vécurent. En 1801, elle a fait l’objet d’une donation entre vifs à Yves Picard.

La propriété dénommée Picard jusque-là porte désormais le nom de ‘’Maison Carbonneau-Picard’’ de façon à rappeler les origines les plus lointaines du lieu.

Michel Gauthier a remporté un prix de l’Île d’Orléans pour l’ensemble de ce projet de reconstitution tel que mentionné dans le dernier numéro de La Lucarne.

Dendrochronologie : Méthode scientifique de datation et d’analyse du bois qui repose sur l’étude des cernes de croissance des arbres. En recherche historique, elle permet de déterminer les phases de construction d’un bâtiment.


Article tiré de La Lucarne – Été 2018 (Vol XXXIX, numéro 3).

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