Autour des retours d’avant-toit

Autour des retours d’avant-toit

24 août 2020

Pierre Bleau

Ajout d’une aile vers 1923 et d’une longue galerie. Archives de la famille Oscar BenoîtPendant près de 115 ans, une maison peut accueillir ou subir la présence de ses occupants. Par exemple, vers 1923, notre demeure s’embourgeoise grâce à l’ajout d’une aile en devanture, une intervention dans la continuité du courant victorien de l’époque. Toutefois, il en est autrement en 1985, lorsque s’immisce la mode du revêtement de vinyle. Les installateurs doivent alors araser les chambranles, les consoles à denticules et les corniches à consoles pour poser ce parement synthétique. Un geste qui s’explique par la motivation du propriétaire à éliminer ses prochaines corvées de peinture ; c’est un argument mis de l’avant par les vendeurs du produit.

Carton de la boite d’emballage laissé par les ouvriers sous le parement de vinyle. Lot daté du 2/21/85.Depuis 2014, nous pelons cette peau devenue fragile sous la brûlure des rayons du soleil. Il reste encore un mur pignon à sortir de sa torpeur. Pendant cet exercice d’effeuillage, quel ne fut pas notre étonnement de découvrir deux types de finition au pourtour des retours d’avant-toit tous similaires avec leurs surfaces revêtues d’aluminium (ill. 1a et 1b). Ainsi, les murs pignons de 1905 sont ornés d’une corniche à consoles (ill. 2a), tandis qu’une modeste console à denticules s’invite sur le mur pignon de l’aile ouest (ill. 2b). En 1923, les menuisiers préfèrent copier l’ornementation de la façade principale (ill. 3b) plutôt que celles avec une corniche à consoles (ill. 3a).

1a-Mur pignon 19051b-Aile ouest 1923L’aspect banalisé du retour d’avant-toit du mur pignon (1905) est bien visible sur l’illustration 1a. Ce dernier est bardé d’aluminium et bordé d’un parement en vinyle imitant la planche à clins, un détail architectural typique aux murs pignons de la maison comme ceux de l’aile ajoutée vers 1923 (ill. 1b). Ici, sous le profilé d’aluminium, on retrouve la moulure décorative (doucine) et le bâti d’origine en bois.
2a2bL’empreinte des anciennes moulures s’est formée grâce aux couches de peinture. On constate les deux approches différentes selon l’année de construction des pignons. Une corniche à consoles du côté de la cour arrière de la maison (ill. 2a) et, surprise, une corniche à denticules (ill. 2b) pour l’aile ouest de 1923. C’est un rappel de la décoration de la fenêtre en baie de la façade principale.
3a3bLa restauration des retours d’avant-toit est en continuité avec les travaux de la corniche à consoles (ill. 3a). Quand aux consoles à denticules (ill. 3b), elles s’inscrivent dans un geste respectueux de l’architecture éclectique de la maison. Il était plus facile de reproduire la menuiserie ornementale existante de la façade principale que de tenter d’intégrer la décoration des corniches situées sous les murs gouttereaux.

Article tiré de La Lucarne – Automne 2020 (Vol XLI, numéro 4).

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