Lauréats du prix Thérèse-Romer 2020 : Mélanie Morel et Martin Gagné

Lauréats du prix Thérèse-Romer 2020 : Mélanie Morel et Martin Gagné

5 décembre 2020

LA MAISON VINCENT — SAINTE-MARIE

Les lauréats du prix Thérèse-Romer 2020 posant fièrement avec la plaque en carton (de fabrication artisanale) dans l’attente de recevoir la plaque officielle des représentants de l’APMAQ.André Sainte-Marie et Élisabeth Vincent, deux jeunes gens, issus de familles souches de la ville de Longueuil, passent un contrat de mariage devant le notaire, le 3 novembre 1805. La future épouse reçoit de ses parents un cadeau de mariage. La terre 143 qu’Élisabeth reçoit est celle où se trouve actuellement notre maison. Seize enfants sont nés de l’union d’André et d’Élisabeth ; leur second enfant, André Sainte-Marie fils, deviendra le premier maire de Saint-Hubert en 1861. Pendant environ 70 ans, la famille Sainte-Marie a possédé cette maison et la terre 143.

Par la suite, la famille Tremblay l’a acquise et conservée pendant 85 ans. Puis la famille Levac-Shaffer l’a achetée et habitée pendant 45 ans.

En 2007, après plusieurs mois de recherches en quête d’une nouvelle demeure, nous avons fait l’acquisition de la maison Vincent-Sainte-Marie. Avant l’achat de notre maison, mon conjoint et moi n’étions pas encore conscientisés à la conservation du patrimoine bâti. Lors de notre première visite, une nouvelle passion est née !

Selon le bilan de santé de l’inspection, nous devions considérer des déboursés pour la remise en état de plusieurs composantes majeures, dont le revêtement d’étanchéité de la toiture. L’ancienne tôle rouge était âgée et elle permettait le passage de l’eau. Parfois, par forte pluie, nous courrions à travers la maison avec nos seaux afin de recueillir l’eau de pluie !

Toit à deux versants courbés percé de lucarnes.Afin de conserver le cachet, nous avons fait installer une nouvelle toiture en tôle d’acier rouge. Lors de la démolition de l’ancienne toiture, nous avons eu toute une surprise ! Nous avons retrouvé les vestiges d’une vieille toiture faite de bardeaux de cèdres. Quelle excitation que de voir la maison à ses tout premiers débuts !

En façade de la maison, nous retrouvons une galerie constituée de bois muni d’une rampe et de poteaux supportant en partie la structure du toit. Cette galerie présentait de nombreuses pièces pourries, endommagées par l’eau. Le plancher a également subi une déformation importante. Un remplacement complet était donc nécessaire. Tout d’abord, mon conjoint a solidifié la structure de la galerie et remplacé les vieilles planches par de nouvelles en bois de pin de six pouces. Par la suite, il a reproduit chaque barreau, 43 en tout, en se basant sur ceux d’origine ; nous avions trouvé quelques vestiges dans le fond de la cour à notre arrivée. Nous avons décapé et repeint l’aspect architectural le plus important, les aisseliers et les boiseries ceinturant le soffite de la toiture.

Aisseliers et boiseries décoratives ornant la galerie de la façade avant.La fenestration de notre maison a été remplacée depuis déjà plusieurs années. Dans l’ensemble, elle se trouvait encore en bonne condition, mais certains chambranles et fenêtres, surtout ceux exposés aux intempéries, ont été affectés par des infiltrations d’eau nécessitant une restauration et même un remplacement de certaines pièces, telles que les appuis et les piédroits. Des travaux majeurs (sept fenestrations) ont été effectués par mon conjoint et moi.

Nous devions entreprendre des restaurations majeures aux deux foyers, situés aux deux extrémités de notre propriété, car l’installation n’était pas conforme. Nous avons demandé à un entrepreneur spécialisé en maçonnerie d’effectuer les travaux.
La rénovation la plus importante de la cuisine et de la salle à manger a été l’installation d’un nouveau plancher. Un prélart recouvrait le sol des deux pièces. Lorsque nous l’avons arraché, il n’y avait plus de trace du plancher d’origine. Alors, nous avons décidé d’installer des planches de pin rouge. Les comptoirs de la cuisine ont été refaits en bois de pin et nous avons changé l’évier de même que la robinetterie.

Maison d’été construite vers 1860 située sur l’une des façades latérales du corps principal.La salle de bain située à l’étage était trop petite. Nous devions l’agrandir et y installer une douche. Également, nous avons décapé plusieurs couches de peinture, poncé chaque plancher des chambres à coucher et de la maison d’été et, par la suite, traité le bois avec une huile à parquet.

La Maison Vincent-Sainte-Marie fait partie du circuit patrimonial du Chemin de Chambly. Ce circuit a été réalisé dans le cadre des fêtes du 350e de Longueuil en 2007. Une plaque commémorative a été installée devant la résidence, lors de cet événement.

Un mot sur les lauréats

Derrière un épais rideau de verdure, ceinte d’une clôture de perches, se cache la maison Vincent- Sainte-Marie. Discrète, elle peut échapper au regard des automobilistes qui roulent allègrement sur le Chemin de Chambly très urbanisé. Pourtant, dès 1665, année de sa mise en chantier, cette route reliait le fort de Chambly au bord de la rivière Richelieu jusqu’à Longueuil ; c’était un raccourci qui permettait d’éviter le long détour des embarcations par Sorel- Tracy pour rejoindre le fleuve, puis Montréal. Très tôt, le riche terreau entre les deux rives a attiré de nombreux colons et assuré leur prospérité ; il y a quelques décennies encore, cet environnement était majoritairement agricole.

Mélanie Morel et Martin Gagné habitaient déjà Saint-Hubert (devenu arrondissement de Longueuil) lorsqu’ils ont senti le besoin d’agrandir leur espace vital ; dans cet îlot de fraîcheur, une ancestrale assez bien conservée qui, remise au goût du jour quelques fois au cours de deux siècles précédents, ne demandait qu’à l’être encore. Quelle chance d’être adoptée par ce couple si complice prêt à entreprendre sa restauration en y apportant tout leur extraordinaire talent manuel, leur énergie, et ce, dans le respect des traditions architecturales ! Rien dans leurs parcours professionnels ne les avait préparés à une telle entreprise sauf leur intérêt pour l’histoire et le mobilier ancien. Quiconque a survécu à la réfection d’une maison ancienne, tout en y habitant, s’y reconnaîtra en lisant leur article ; les autres admireront leur persévérance. Il leur a fallu seulement treize ans pour redonner au bâtiment sa fierté d’antan tout en y intégrant le confort moderne. Trois enfants animent ce lieu de vie privilégié ; pour s’amuser à l’extérieur, ils disposent du vaste terrain agrémenté de nombreux arbres d’essences diverses et de « la maison d’été » devenue leur salle de jeux.

Malheureusement, l’actuelle pandémie nous aura empêchés de rencontrer et de féliciter en personne nos lauréats du prix Thérèse-Romer 2020 ; l’Assemblée générale annuelle de l’APMAQ aura eu lieu cet automne mais en format virtuel. Toutefois, si vous passez sur le Chemin de Chambly, en voiture ou en vélo sur la piste cyclable, un détail important mérite d’être souligné : la magnifique galerie toute blanche ornée d’aisseliers de bois si élégants est perpendiculaire à la rue ; les anciens, dans leur sagesse, orientaient leurs demeures de façon à éviter la froidure du vent nordet. N’en soyez pas surpris !

Andrée Bossé


Article tiré de La Lucarne – Hiver 2020-21 (Vol XLII, numéro 1).

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