À la découverte des chambranles

À la découverte des chambranles

3 décembre 2021

Pierre Bleau

La décision d’un précédent propriétaire de recouvrir toutes les façades de la maison d’un revêtement en vinyle n’était pas sans conséquences. En effet, cette malencontreuse mode est venue camoufler les caractéristiques architecturales de nos maisons anciennes. Dans cet article, on exposera la déplorable condition des chambranles due à la pose de ce vinyle autour des fenêtres ; ceci a été découvert lors du dégarnissage (une façade à la fois) de cette pelure synthétique sur notre résidence.

Ce vinyle enfin retiré, nous constatons les dommages à la moulure saillante fixée à la partie supérieure des traverses du chambranle. La traverse est une planche étroite et mince placée au-dessus des deux montants couronnant la fenêtre (ill. 1). Le solin (tôle d’acier) est encore récupérable. Malheureusement, la moulure saillante a été tailladée au droit du mur mais il en reste l’empreinte ; c’est notre référence pour la remplacer (ill. 2). Après de nombreuses recherches sur le Web, notre préférence s’arrête sur la moulure décorative en pin (modèle M-113) d’une entreprise spécialisée en produits de finition intérieure (ill. 3). On a finalement trouvé un échantillon, une minuscule doucine, mais seulement en arrivant à l’avant-dernière fenêtre. Trop tard ! À moins d’avoir lu cet article, il est difficile de constater la différence entre notre moulure de substitution et celle de 1905 puisque les jeux d’ombrage sont très similaires.

Un autre dommage collatéral est le « capage » de l’appui de fenêtre au moyen d’une feuille d’aluminium (ill. 4). Il s’agit d’un détail de finition favorisant la rétention d’eau et menant à la pourriture du bois ; l’eau s’est infiltrée par les fissures d’un calfeutrant vieillissant. Les extrémités des appuis sont endommagées par de profondes encoches nécessaires à l’alignement, à la verticale, des fourrures sur lesquelles était fixé le vinyle. Il faut, de toute évidence, remplacer les appuis de fenêtre et, cette fois-ci, nous pouvons reproduire très fidèlement cette composante ; nous utilisons alors un poteau de cèdre appelé communément 4 po x 4 po. Une simple découpe au banc de scie permet d’obtenir la pente requise pour l’écoulement de l’eau. De plus, il est important de creuser une cannelure (ill. 5), aussi appelée « bec » ou « goutte d’eau », pour éloigner de la surface du mur l’eau de ruissellement. La pièce est solidement fixée à l’ossature de la maison (pièce sur pièce) à l’aide de vis et de tire-fonds.

Nous avons remplacé les montants autour des quelques fenêtres les plus exposées aux intempéries. La pièce de bois est reproduite en choisissant une épaisse planche de cèdre, planée sur les quatre faces et sans nœud apparent, tout en prenant la peine de reproduire les petits décrochés vers l’intérieur du montant (ill. 6 et 7).

Cette reconstitution des chambranles redonne une deuxième vie à cette belle d’antan. Elle le mérite !

N’hésitez pas à relire les articles précédents du récit de restauration de cet auteur.


Article tiré de La Lucarne – Hiver 2021-2022 (Vol XLIII, numéro 1).

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