Maison ancestrale Guimont

Maison ancestrale Guimont

8 juin 2019

MAISON ACESTRALE GUIMONT
Anne-Marie Guimont

Dans la ravissante municipalité de Cap-St-Ignace (sur la Rive Sud de Québec), se trouve, discrète, une résidence classée en raison de son âge vénérable. Sa « classe » ne repose pas tant sur des considérations d’ordre esthétique puisqu’il s’en trouve de plus jolies. La nôtre se démarque par son authenticité, son intégrité et par le respect que son âge avancé impose. En fait, malgré son dos voûté, elle dégage une beauté intérieure de par son vécu ainsi que par son âme. Il faut dire que plusieurs de ses admirateurs la trouve charmante et … encore jolie!

La maison ancestrale Guimont fut construite en 1729 sur un lot concédé six ans auparavant à Ambroise Fournier sur les terres de la seigneurie Vincelotte. Le carré originel de la maison avait des dimensions de 19 pieds par 18 pieds et était fabriqué en « piesse sur piesse » sur queue d’aronde. Depuis maintenant 200 ans (janvier 1819), la famille Guimont en est propriétaire. Il est à noter que cette famille est l’une des familles souches de Cap-St-Ignace. La maison d’origine fut transformée au gré du temps et, selon le courant de l’époque, un cottage laurentien d’inspiration néo-classique apparut entre 1819 et 1843, tout comme la laiterie attenante (12 pieds par 12 pieds, toit en pavillon, bardeaux de cèdre et porte cloutée). Cette « belle » fut tour à tour école de rang, louée, abandonnée un certain temps, mais résidence d’été des Guimont depuis 1955. Marie-Paule Guimont, née Bégin, et son époux Antoine Guimont (natif de Cap-St-Ignace) ont été les instigateurs permettant de la faire reconnaître à titre d’immeuble patrimonial par le ministère de la culture du Québec en 1984.

Le dévouement, l’attachement et le travail que ce couple a porté à cette demeure a, sans contredit, contribué à la sauvegarder afin que nous puissions encore aller à sa rencontre ou même, pour certains, se laisser séduire… après toutes ces années. Denis, fils d’Antoine et Marie-Paule, a pris la relève en 2004 et sa contribution est tout autant digne de mention. Des travaux majeurs ont été faits lors de son passage de dix ans à titre de propriétaire: fondations (poutrelles de soutènement), peinture extérieure, planchers de bois franc restaurés, fenestration et entretien paysager. Il faut également souligner que les champs en friche depuis des années, ont aussi été ramenés à la culture. Encore une fois, le dévouement, l’attachement et le travail ont contribué à garder coquette cette belle aïeule!

Sise dans un environnement agricole, cette demeure ayant un plan rectangulaire de 41 pieds par 33 pieds à laquelle est annexée une cuisine d’été de 27 pieds par 21 pieds, s’élève sur un étage et demi. Son toit à deux versants retroussés et aux larmiers cintrés est l’une des caractéristiques distinctives des habitations de la Côte-du-Sud. D’autres attributs ajoutent à son « rang » ; ne citons que ceux-ci : cheminée centrale, lucarnes triangulaires à frontons placées symétriquement de chaque côté de la porte principale, pilastres, chambranles, fenêtres à 6 carreaux garnies de contrevents doubles, planches cornières aux angles et pignons en bardeaux de cèdre. Notons que des planches verticales en pin blanc recouvrent le carré original qui est ensuite protégé par des planches à clins horizontales.

Les divisions intérieures de la maison Guimont sont d’origine. Les pièces que l’on retrouve à l’intérieur de la maison sont les suivantes : un grand salon, une cuisine, deux chambres à coucher, une salle de bain (restaurée), une ancienne salle à dîner, une entrée principale qui donne sur un petit hall d’entrée nous invitant aux combles (deux chambres à coucher, deux mezzanines avec escaliers de meunier où jadis était rangé le grain). Dans les combles, la structure y est apparente. La charpente à pannes et à ferme simple assemblée en tenon-mortaise est soutenue par des chevilles et des pièces de contreventements. Ces dernières ressemblent étrangement à des membrures de goélette et semblent en être inspirées… passé naval pas si lointain!

Tous les murs intérieurs des cloisons sont en bois peint à l’exception de l’une des chambres à coucher qui est en bois naturel. L’intérieur de la cuisine d’été, grossièrement fini, à su conserver un caractère très rustique en partie grâce à un foyer en pierres crépi et d’un four à pain doté de portes en fonte.

Aujourd’hui, Anne-Marie Guimont, fille de Denis Guimont et de France Guimont (Eh oui! Ses parents sont cousins germains) est la première femme légalement propriétaire. Marie-Magdeleine Guimont et son époux François-Marie Fournier avaient cédé leurs droits à François-Marcel Guimont, frère de cette dernière en janvier 1819.

Deux cents ans de présence Guimont sans interruption, pas si commun en ce qui concerne les maisons ancestrales datant du début du 18e siècle en Nouvelle-France! Qu’il fait bon y déguster un Château Saint-Antoine et se perdre dans la beauté du paysage, à quelques pas d’un majestueux fleuve…


Article tiré de La Lucarne – Printemps 2019 (Vol XL, numéro 2).

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