Downes Ryan, membre de longue date de l’APMAQ, serait pleinement en droit de s’enorgueillir d’avoir contribué au maintien du caractère patrimonial d’une rue résidentielle du quartier Côte-des-Neiges, à Montréal, tout en y pérennisant la présence de sa famille. En 1984, Downes et son frère Jacques se sont portés acquéreurs du 5635-5639 de l’avenue Gatineau, une petite rue qui réussit à demeurer discrète alors qu’elle est littéralement au centre d’un périmètre parmi les plus achalandés de la métropole où l’on retrouve entre autres l’Oratoire Saint-Joseph, le Collège Notre- Dame, l’Université de Montréal, le Cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le Collège Jean-de-Brébeuf, le CHU Sainte-Justine, l’Hôpital général juif et le Centre hospitalier de St. Mary. L’immeuble multilogements de trois étages construit en 1930 appartient depuis 2019 au fils de Jacques, Daniel. Downes, qui s’est installé au rez-de-chaussée de la propriété en 1987, y vit toujours. La portion de l’avenue Gatineau où se trouve le 5635-5639, soit entre le boulevard Édouard-Montpetit et le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, a longtemps eu une vocation agricole avant 1930, année où des bâtiments à logements ont commencé à y être construits. Au cours des deux décennies qui ont suivi, la densification du secteur s’est poursuivie avec la construction d’autres multilogements pour lui donner l’aspect qu’il a toujours de nos jours. L’immeuble des Ryan a d’abord été habité par la famille Saint-Loup. Joseph Saint-Loup (1897-1971), représentant des ventes né en France, fut un des premiers à venir s’installer avec sa famille dans cette portion de l’avenue Gatineau en 1930. Il demeurera au 5635-5639 pendant 35 ans avant de vendre sa maison au fils de Joseph Drouin du célèbre institut de généalogie éponyme. Si les Ryan n’ont pas habité sur l’avenue Gatineau dès les débuts de son développement, ils l’ont bien connue à partir de 1953. Jean-Jacques Ryan, le père de Downes et Jacques, s’y est installé cette année-là avec son épouse Pauline et ses deux fils. M. Ryan, qui travaillait à l’Imperial Oil, a d’abord vécu avec sa famille dans un appartement du 5640, soit juste en face de la maison Saint-Loup. Par la suite, les Ryan ont déménagé tout près, au 5580. Puis, dans les années 1980, la maison Saint-Loup est passée aux mains des Ryan. Cet immeuble à logements multiples qui sera centenaire dans quelques années a conservé son caractère d’origine et tous ses éléments architecturaux. En parcourant ce tronçon de l’avenue Gatineau et en observant les bâtiments qui le bordent, on retrouve certaines caractéristiques architecturales particulières: il s’agit majoritairement de bâtiments détachés, d’un volume massif et de forme rectangulaire ; il y a un usage généralisé de la brique comme revêtement ; et on y note l’absence d’escaliers extérieurs. Les murs latéraux et arrière, percés de fenêtres à guillotine de formats variés et de deux balcons aux étages du mur latéral gauche sont dépouillés de tout ornement. L’élégance du bâtiment s’affiche en façade sur rue avec la longue galerie couverte d’un auvent muni d’une corniche moulurée, qui se déploie en arcs surbaissés entre les colonnes de bois tourné d’ordre toscan, appuyées sur une section carrée. La galerie est entourée d’une belle balustrade en métal forgé terminée par une main courante en bois. La porte principale donnant accès au rez-de-chaussée, divisée en 15 carreaux est entièrement vitrée et comporte une imposte et des baies latérales tandis que la porte donnant accès aux quatre logements des étages supérieurs diffère seulement par l’absence de baies latérales. Une large fenêtre en triplet se trouve en façade, à gauche de la porte principale. Les deux étages supérieurs présentent une parfaite symétrie avec leur balcon, placé au centre de la façade et ceinturé d’une balustrade du même type que celle présente au rez-de-chaussée; la porte est munie de baies latérales dont la hauteur est limitée à celle des fenêtres, qui sont placées de part et d’autre de cette porte. La pierre gris pâle dont la couleur contraste avec celle de la brique est utilisée pour les appuis des fenêtres et les linteaux des ouvertures du second étage, de même que pour quelques éléments décoratifs: un bandeau de pierre en forme de corniche simplifiée placé au haut de la façade se prolonge sur une longueur d’environ 1,5 m sur les façades latérales. Un court parapet de la largeur des balcons est décoré d’une insertion de pierre taillée qui est répétée aux extrémités du mur de façade, en plus de quelques insertions de blocs de forme carrée au sommet des murs. |
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N.B. Cet article est une version adaptée pour La Lucarne du texte original publié en février dernier, sous la plume de Sylvain Rousseau, sur le site web de la société d’histoire Souvenirs et mémoires de la Côte-des-Neiges, ainsi que dans Le Facteur-des-Neiges, le bulletin mensuel (en format PDF) réservé aux membres de l’organisme.
Article tiré de La Lucarne – Été 2024 (Vol XLV, numéro 3).
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