Ma pierre angulaire - APMAQ (Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec)

Ma pierre angulaire

23 février 2021

Jean-Robert Grenier

Ce sixième article de la série présente les étapes de la restauration de l’extérieur de ma maison de Calixa-Lavallée.

Retrouvez l’article précédent de ce récit.

Les premiers jours de 1979 furent mémorables. Juste après les Rois, les étranges, nouvellement arrivés au village célébraient, d’une maison à l’autre, l’évolution des travaux de restauration de chacun. Quelle bonne idée, me dis-je, que celle d’alimenter la flamme de « l’authentique » en partageant nos expériences avec celles d’autres passionnés ! C’est ainsi que, vers six heures du soir, une vingtaine de ces étranges débarquèrent chez nous en entonnant à pleine voix l’hymne des patrimoniaux :

Ça donc changé icitte, ça donc changé icitte

… puis, buvant le vin de la maisonnée et mangeant les « sandwichs pas de croûte », ils disparurent au bout d’une vingtaine de minutes après l’échange d’accolades et de baisers d’amitié. Mais, vous aurez compris que, d’une maison à l’autre, le groupe prenait de l’ampleur et, une fois les visites complétées, la fête se terminait par une partie de ballon-balai derrière les bureaux de la municipalité, histoire de digérer les excès de table. Quel bonheur que de vivre à Calixa-Lavallée, village riche en maisons traditionnelles des XVIIIe et XIXe siècles, village pas trop loin de Montréal où nous avions la chance de partager nos vies avec celles de ses habitants de longue date et les nouveaux arrivants ! Existait-il une meilleure façon de commencer cette année 1979 ?

Au petit matin, étant parfaitement heureux d’avoir choisi ce cadre de vie, une question s’imposa : qu’allons-nous entreprendre de nouveau cette année ? Et si nous nous attaquions à la restauration extérieure de la maison ? Excellente idée mais, cet été, les frères Goyette ne seront pas libres car ils restaureront une maison à Verchères. Les travaux furent donc confiés à Jean-Guy Amiot, artisan du village ; ils débutèrent après la Saint-Jean.

Avant son arrivée, je devais faire le travail préparatoire, c’est-à-dire retirer tout l’amiante des murs sans oublier le papier goudron et en disposer adéquatement (ill. 1). Ainsi dénudée, la maison dévoilait au grand jour l’état de son lambris de planches verticales qui, sous les larmiers, laissait apparaître l’application antérieure d’un lait de chaux. Ce lambrissage, en excellent état à l’exception de celui des murs pignons, était tout de même trop endommagé pour être mis en valeur et devait donc être restauré. Dans une deuxième étape, nous avons dû retirer toutes les moulures entourant fenêtres et portes, brocher un papier construction sur le vieux lambris et clouer à l’horizontale des baguettes de bois afin de recevoir le nouveau lambris. Cette opération provoqua, vous l’aurez compris, un épaississement des murs. Nous avons donc augmenté les boîtes des fenêtres et des portes pour finalement lambrisser les murs pignons et y fixer les moulures et les contrevents. Ces nouveaux lambris devaient s’harmoniser avec l’ancien conservé sous les larmiers. Notre choix s’arrêta sur des planches de pin d’une largeur minimum de 10 pouces dont la surface exposée devait rester brute, c’est-à-dire, non planée. Nous avons profité de ces travaux pour jumeler au foyer de la salle commune, un four à pain extérieur (ill. 2). La deuxième phase, soit la reconstruction du bas-côté dans ses mesures originales, fut réalisée par les frères Goyette en 1990 et en 1996 et le vieux toit de tôle fut retiré au profit d’un recouvrement de bardeaux de cèdre (ill. 3).

1. Parement d’amiante sur la face extérieure des murs.

2. Intégration d’un four à pain extérieur au foyer de la maison.

3. Nouveau recouvrement de toiture de bardeaux de cèdre.


Article tiré de La Lucarne – Printemps 2021 (Vol XLII, numéro 2).

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